A Treillières, La Poste de Gesvres est un lieu-dit situé sur la route de Nantes à Rennes où l’on arrive après avoir franchi le ruisseau de Gesvres et grimpé la côte du même nom. Un relais de Poste y est mentionné dans les documents fiscaux pour la première fois en 1741. Trois ans plus tôt, en 1738, la route royale de Nantes à Rennes avait été « mise en Poste ».
Les relais de Poste étaient établis toutes les 7 lieues (28 km) au 17e siècle (d’où les bottes de sept lieues des contes) puis toutes les 4 lieues au 18e siècle. Mis en place pour le relais et le repos des chevaux et de leurs cavaliers chargés de l’acheminement du courrier, ils accueillaient aussi les diligences et leurs voyageurs.
Chaque relais de Poste est dirigé par un Maître de Poste, responsable de la bonne marche du service à lui confié «de la part du Roy». Cela ne va pas sans poser problème car les liaisons entre Nantes et Rennes sont difficiles, irrégulières et longues (14 heures pour les voyageurs au 19e siècle et 6 jours pour les marchandises lourdes).
Après la pénible ascension de la côte de Gesvres, le relais de Poste offre un repos mérité aux hommes et aux chevaux. C’est un bâtiment massif, partagé entre le logement du Maître de Poste, l’auberge, l’écurie et la grange contenant le fourrage nécessaire à la consommation des chevaux. Ceux-ci sont au nombre de 11 en 1791 : «Jupiter» de couleur noire âgé de 11 ans , «Le Dormeur» de couleur marron âgé de 8 ans, «Cadet» de couleur noire âgé de 6 ans, «La Biche» de couleur noire âgé de 6 ans, « La grosse grise » âgée de 10 ans, « La petite grise » âgée de 8 ans, « La grande jument noire » âgée de 6 ans, «Rondouin» de couleur marron âgé de 6 ans, «Babet» de couleur marron âgé de 8 ans, «Gringalet» de couleur marron âgé de 9 ans, «La Souris» de couleur grise âgé de 4 ans.
Avec ses écuries, retentissant nuit et jour du piaffement et des hennissements des chevaux, avec ses odeurs de cuir, de fer rougi, de fumier, et le pénétrant parfum du foin, le relais de Poste est un rendez-vous pittoresque. Chaque arrivée de diligence y provoque une brutale montée de tension ; cris des postillons dételant les chevaux pour les conduire à l’abreuvoir ; coups de marteau du maréchal ferrant réajustant un fer malmené par les pavés ; énervement des voyageurs s’engouffrant dans l’auberge pour y désaltérer leurs gosiers asséchés par la poussière du chemin ; ruades impatientes du nouvel attelage… Puis la diligence repart dans le claquement des fouets, laissant le relais à ses odeurs et à ses bruits habituels.
Le premier Maître de Poste connu est Guillaume Danguy, ou Tanguy (1742). Il quitte Treillières vers 1749. Son remplaçant est Jean Vincent, premier représentant à Treillières d’une famille importante qui tiendra la Poste jusqu’à la suppression officielle de la diligence (remplacée par le «Courrier d’Héric»), et qui donnera trois maires à la commune entre 1791 et 1890.
La Poste de Gesvres en 1841