François-Joseph RINCE

Un poilu « d’une bravoure hors de pair »

François – Joseph – Jean – Marie Rincé est né le 22 janvier 1893 à Treillières. Il est le 3e enfant (2 garçons, 1 fille) de Pierre Rincé,

F. Rincé lors de son service militaire
33 ans, et Jeanne Cadou, 29 ans, agriculteurs à Garambeau. Après ses études à l’école communale de Treillières il travaille à la ferme paternelle.

            Le 23 novembre 1913 Il est incorporé au 77ème  RI, à Cholet, pour y effectuer son service militaire. Sous la toise, il mesure 1.63 m, taille moyenne pour l’époque.

Le 2 août 1914, avec son régiment, il quitte Cholet pour l’est : les Ardennes, la bataille des frontières, la retraite, puis, en septembre, la bataille de la Marne. François Rincé est évacué le 1er octobre, peu avant que son régiment ne soit dirigé vers les Flandres.

Il retourne au front le 23 mars 1915 et participe en avril-mai à la bataille d’Ypres, où les Allemands utilisent pour la première fois des gaz. Son frère aîné Pierre, né le 19 mars 1891, soldat au 64 ème RI, est tué à Serre (Pas-de-Calais) le 10 juin 1915. Le 24 juin 1915, François Rincé devient caporal. Il est alors engagé dans la bataille d’Artois.

 

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F. Rincé (à droite) dans une tranchée à Souain
En avril-mai 1916, il participe à la bataille de Verdun,  pour la défense de la fameuse cote 304, où son régiment subi des pertes considérables. Le 18 mai 1916, il devient sergent. Après un passage sur le front de Champagne (Butte de Souain), de mai à septembre, il combat sur la Somme (Sailly-Saillissel et Bouchavesnes) d’octobre à décembre.

 Au printemps 1917, il participe à l’offensive lancée par le général Nivelle sur le Chemin des Dames. Le 24 mai il est intoxiqué par les gaz à Craonne et doit être évacué. Il retrouve le front le 29 juin suivant et s’illustre par son courage sur le plateau de Californie, à Craonne, ce qui lui vaut sa première citation (il en aura 6 !!!) à l’ordre du Corps d’armée, le 10 août 1917 : « Le 22 juillet 1917, l’ennemi étant parvenu à s’emparer d’une de nos  mitrailleuses de 1e  ligne, n’a pas hésité à l’attaquer à la grenade et a réussi, avec le concours de 2 camarades à tuer sur place les servants et à mettre la mitrailleuse hors service. Sous-officier d’une intrépidité et d’une abnégation au-dessus de tout éloge. »

 

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F. Rincé (2e à gauche) au repos en 1916
Pendant l’hiver 1917-18, il participe à l’instruction des troupes américaines (débarquées à Saint-Nazaire le 26 juin 1917) sur le front de la Meuse.

            Au printemps 1918, il combat sur la Somme, où les Allemands ont lancé, le 21 mars, l’offensive de la  dernière chance pour percer le front en direction d’Amiens et de la Manche. Après un succès initial, marqué par un fort recul des Alliés (60 km), ceux-ci se ressaisissent. C’est l’occasion de violents combats, où le courage de François Rincé lui vaut trois nouvelles citations :

La première, lors de l’attaque du bois Sénécat, est à l’ordre du Régiment, le 30 avril 1918 :        « Au cours du combat du 18 avril 1918, a très brillamment enlevé sa demi-section à l’assaut des positions ennemies. Très bon sous-officier d’un courage au-dessus de tout éloge. »

La seconde, à l’ordre du Corps d’Armée, le 7 juin 1918 :

            « Chargé, à l’occasion d’un coup de main exécuté le 19 mai 1918, d’assurer le commandement d’un groupe de volontaires, s’est particulièrement distingué par son sang-froid et sa décision, a ainsi contribué, en entraînant vaillamment sa troupe, au plein succès de l’opération. Sous officier d’une bravoure hors de pair. »

La troisième à l’ordre de la Division, le 7 juillet 1918 :

            « Le 14 juin 1918, chargé d’exécuter en plein jour et à 500 m en avant de nos lignes une reconnaissance qui avait pour but de situer les 1e lignes allemandes, s’est acquitté de sa mission avec une habileté, un esprit de décision et une vaillance tout à fait remarquables. A rapporté au chef de bataillon des renseignements précis sur un certain nombre d’emplacements occupés par l’ennemi. Sous-officier constamment volontaire pour les missions périlleuses et dont la bravoure fait l’admiration de ses chefs comme celle de ses hommes. »

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La plaque militaire de F. Rincé

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La médaille militaire de F. Rincé
Les Allemands, exploitant la mobilisation des troupes françaises sur la Somme, franchissent la Marne et marchent sur Paris. En juillet 1918, François Rincé est de la contre-offensive lancée par l’Etat-major français (la deuxième bataille de la Marne). Sa bravoure lui vaut une nouvelle citation et la  Médaille militaire (en date du 25 novembre 1918) :

            « Le 26 juillet 1918, une patrouille ennemie étant sur le point de faire prisonnier deux guetteurs avancés de sa compagnie, a réussi à lui seul et grâce à son admirable sang-froid à les dégager en mettant hors de combat les assaillants ; n’a cessé depuis le début de la campagne de se montrer dans toutes les circonstances les plus graves un modèle de vaillance et d’abnégation. »

A l’automne 1918, François Rincé se retrouve dans le secteur de Verdun où son action lui vaut une nouvelle citation à  l’ordre du Corps d’Armée, le 18 octobre 1918 :

            « A brillamment entraîné sa section à l’assaut des positions ennemies au cours de la contre-attaque ennemie du 9, a pris le commandement de la compagnie dont le chef avait été mis hors de combat et l’a tenue en place, s’est parfaitement acquitté de sa mission jusqu’à ce qu’il soit blessé. Sous-officier modèle de calme, d’intrépidité et de décision. 4 citations antérieures et Médaille militaire.»

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F. Rincé (à gauche) à l'hôpital
Blessé d’une balle au flanc gauche au Bois de Haumont (au nord-est de Verdun), le 9 octobre 1918, il est évacué. 

 

 

 

 

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Le 77e RI de F. Rincé à Cablence en juin 1919
Il retourne aux armées le 1er mars 1919. Ce jour-là, il est nommé adjudant. Son régiment, stationne en Allemagne où il occupe successivement Sarrebruck, Neunkirchen, Braubach (près de Coblence) et Ober-Meïlingen en attendant la signature du traité de paix (28 juin 1919).

 

 

 

F_Rince_Medaille2F_Rince_Medaille1François Rincé est démobilisé le 27 août 1919. Après 6 années passées sous les drapeaux, il rentre à Garambeau très médaillé : Médaille militaire et Croix de guerre avec toutes les étoiles (vermeil, argent, bronze et palme).

        Le 5 janvier 1954, il est fait Chevalier de la légion d’Honneur.

Revenu à Treillières, F. Rincé s’est marié, a fondé une famille et s’est installé comme agriculteur dans le bourg. Il est aussi le président de l’Union Nationale des Combattants sur la commune et, chaque année, le 11 novembre, prononce le discours devant le monument qui rend hommage à ses camarades de combat tombés au front.

            François Rincé s’éteint le 2 octobre 1982, à l’aube de ses 90 ans. La plupart des Treilliérains d’alors, ignorent que le paysan aux allures modestes qui rejoint sa dernière tranchée, fut un héros de la Grande Guerre.

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L'adjudant F. Rincé en 1919