Le bâtiment de la forge avant sa réhabilitation |
L'annexe de la sellerie-forge avant restauration |
Il était à Gesvres un relais de Poste
En 1738, la route royale de Nantes à Rennes est « mise en Poste ». Peu de temps après un relais de Poste est construit en haut de la côte de Gesvres pour le repos des chevaux et de leurs cavaliers chargés de l’acheminement du courrier; il accueille aussi les diligences et leurs voyageurs.
La famille Vincent tient le relais de Poste de 1749 jusqu’à la fin du 19e siècle. Elle donnera trois maires à la commune entre 1791 et 1890. Les deux relais de Poste serviront successivement de mairie de 1791 à 1901.
Bientôt rejoint par une sellerie- forge
« Dans l’année dernière 1762 fut bastie la maison qui est proche de la poste du coté du bourg nommée La Sellerie… » écrit le recteur (curé) de Treillières dans le registre des baptêmes de 1763. C’est un bourrelier qui installe son atelier-auberge près du relais de Poste, pour proposer ses services aux cavaliers et diligences, empruntant le grand chemin. Vingt ans plus tard cette « maison de la sellerie » devient une forge fonction et appellation qu’elle conservera jusqu’au début des années 1980.
Reconstruit et agrandi (1869-1876), séparé de sa petite annexe, le bâtiment, a été récemment réhabilité et transformé en logements.
Le forgeron-maréchal ferrant Marcel Hubert au travail dans les années 1960
Seul survivant de son passé forgeron un petit édifice annexe maltraité par les ans restauré en 2012. Il a gardé toutes les caractéristiques de l’architecture rurale qui fut celle de la commune jusqu’à la fin du 19e siècle : embase du mur en pierres de granit sur une hauteur variable, puis partie haute des murs en terre.
Un exemple d’architecture rurale traditionnelle
Issues du sol, les maisons nous parlent de la terre et des hommes qui les ont construites. Treillières a la chance d’être traversée par un filon de granulite et, de La Ménardais à La Loeuf, des générations de carriers ont extrait la pierre nécessaire aux constructions.
Les riches métairies et les demeures des plus fortunés du bourg sont toutes de pierre ; seuls les bâtiments à vocation agricole utilisent plus ou moins la terre. Mais dans les villages les paysans aux revenus plus modestes, à la fois architectes et maçons, accolent leurs maisons les unes aux autres, économisant les murs-pignons et donnant cet habitat en « barre » très caractéristique.
Quand la pierre est trop coûteuse ils se penchent sur le sol alentour pour en tirer la terre facile à mettre en œuvre : de la glaise bien molle mélangée à de la paille ou des résidus de « guinche » hachés (méthode dite de la bauge) et voilà la terre prête à être posée sur le solin de pierre à l’état brut ou en petites briques séchées au soleil. Sur la façade, rapidement enduite d’un mortier de chaux, la proportion de granit et de terre est un indicateur plus sûr de la richesse du propriétaire que la hauteur du tas de fumier au bord de la rue.
Les bâtiments annexes (remises, étables, soues à cochons, caves…), comme c’est le cas de celui de la sellerie-forge, font la part belle à la terre. L’édifice repose sur un soubassement constitué d’un appareillage de granit ou de schiste. Le solin a une double fonction ; il constitue l’assise des murs et protège le bâti de l’humidité. La maçonnerie peut monter jusqu’au linteau des ouvertures assurant la solidité de l’ensemble des percements, protégeant ainsi de l’usure due aux passages fréquents. Pour les étables, comme c’est le cas ici, le solin est systématiquement plus élevé car exposé aux chocs et aux déjections animales.
De l’oubli au renouveau
Les édifices en terre ont progressivement disparu de la commune à partir des années 1880. L’action de la pluie et du vent ont bien sûr altéré les murs mais, à une époque où le progrès pénètre les campagnes, ces modestes constructions témoignent d’un archaïsme et d’une pauvreté que l’on veut oublier : vive la pierre, la tôle puis le béton !
L‘annexe de la sellerie-forge a par miracle traversé les siècles. Cela méritait bien un toilettage réalisé au printemps 2012 à l’initiative de « Treillières au fil du temps » et de la municipalité avec l’aide et le soutien techniques de « Tiez Breiz », des services municipaux, la participation des élèves de l’école « Alexandre Vincent » et de nombreux bénévoles.
Janvier 2012 |
Juillet 2012 |