Le théâtre et le cinéma font leur apparition à Treillières à la fin de l’année 1923 sous le patronage de Monsieur le curé qui tient à contrôler les loisirs de ses paroissiens.
La première séance du cinéma paroissial a lieu dans la salle de l’auberge d’Alexis Jahan : « ouverte vers 6 h. Tout le monde entrera par la porte qui donne sur la route de Rennes ». Les billets sont vendus à la fin de la messe. A partir de 1926 les projections ont lieu à la salle paroissiale. Les séances sont programmées d’octobre à mai, environ tous les 15 jours, le dimanche à 15 h, après les vêpres, et à 18 h 30.
l’auberge Jahan
La paroisse n’est pas équipée et c’est « Pathé-rural » qui apporte l’appareil de projection, le film et s’occupe de la partie technique. Le bulletin fait une large publicité au cinéma paroissial car les bénéfices réalisés vont à la caisse de l’école chrétienne : « Le prix des places (3 F et 2, 50 F ; 1 F pour les enfants), n’est même pas le quart du prix de la livre de beurre. Il ne dépasse guère le prix d’un mauvais paquet de tabac, enfin il n’est rien en comparaison du prix d’une paire de bas de soie » (24 mars 1929). A partir de 1930 les films sont annoncés dans le bulletin paroissial sous forme d’encart publicitaire grossièrement dessiné par le vicaire.
Au début il s’agit de films muets puis, à l’occasion de la projection du film « Feu », le 14 décembre 1930, on annonce : « les deux séances seront agrémentées de belles auditions de la TSF ». Enfin, le 12 novembre 1932 les Treilliérains ont droit à leur premier film « sonore et parlant » : « L’Aiglon ».
Le bulletin paroissial annonce le film du dimanche (1930)
Les séances durent 2 heures. On projette un « grand film » puis une série de courts documentaires (« Bourges ses monuments, ses merveilles », « Visions marocaines, Fez et ses environs » « Comment on fabrique les cigarettes ») et on termine par un film comique : « Charlot amateur de football », « Madame Dudule ». Le film principal puise son inspiration dans la religion (« Christus », « Au pays du Christ ») ; le drame moralisateur (« Comment j’ai tué mon enfant », « Etre ou ne pas être ») ; la Grande guerre (« Verdun » « Feu »), l’histoire, l’aventure…
Concession à la modernité, le cinéma paroissial permet souvent de prolonger le discours clérical tout en procurant une distraction à la jeunesse que l’on retient ainsi au pays, loin des « divertissements funestes » de la grande ville.
Jean Bourgeon